Hypnose contemporaine et thérapies brèves

Le temps de la maturité

Extrait :

2 juin 2005, plage de Saint-Malo. Le temps est magnifique. Bleu du ciel et de la mer, blancheur du sable, cri des mouettes. Très calme, très reposant. À quelques pas de là, le Palais des Congrès. Le temps est tout aussi magnifique. Un amphi, beaucoup de monde, les yeux pétillent, sourires, accolades...

Le calme revient. À 9 heures, le 4e forum de la Confédération Francophone d'Hypnose et de Thérapie Brève (CFHTB) est ouvert.

- Pourquoi autant de joie, autant d'émotion ?

Simplement parce que chaque participant a la sensation de vivre un moment particulièrement intense, entouré des 599 autres congressistes.

En deux ans, leur nombre a presque doublé, traduisant le magnifique engouement des médecins, psychologues, professionnels de santé pour cette approche tellement moderne.

Une approche qui fête ses 20 ans en France, «le temps de maturité».

Une maturité qui s'est développée sur les bases construites en 1997 par le Dr Patrick Bellet de Vaison-la-Romaine, premier président de la CFHTB et organisateur des deux premiers forums.

Des bases consolidées par le Dr Dominique Megglé d'Ollioules (Toulon) qui préside la CFHTB de 2002 à 2005 et reçoit plus de 300 participants dans le 3e forum au bord de la Méditerranée

Chacun de ces rassemblements a permis à une nouvelle génération de spécialistes de l'hypnose médicale de se réunir, d'échanger, de réfléchir, de confronter les recherches et expériences, de dégager des concepts et des méthodes efficaces pour aider les patients souffrant de troubles psychologiques ou physiques très divers.
 

- Pourquoi nouvelle génération ?

C'est que l'hypnose est loin d'être une nouveauté en France, mais en 1985, lorsque ces pionniers en redécouvrent toutes les possibilités, cette technique de soin a chez nous une image désastreuse. Une histoire particulièrement complexe. En voici quelques grandes lignes.

Une date facile à mémoriser pour situer les débuts de l'hypnose est 1789, la Révolution française. C'est le moment où un médecin autrichien, le Dr Franz Anton Messmer, vient à Paris, diffuser ses idées et sa méthode thérapeutique dite «Magnétisme Animal».

Malgré les bienfaits de cette méthode, elle est vivement attaquée sur le plan théorique. L'existence du fluide magnétique n'est pas prouvée lors d'études approfondies par les plus grands scientifiques de l'époque. Leur constat est sans appel : ce qui soigne, ce n'est pas le fluide mais l'imagination du patient.

Si cet avis amène la régression du magnétisme, il est aussi une manière de consacrer officiellement l'imagination comme ressource thérapeutique.

Imagination à la disposition de chacun pourvu qu'elle soit activée dans un contexte thérapeutique : la psychothérapie est née. La manière d'utiliser cet imaginaire, de l'activer dans des procédures par des techniques d'hypnose, apparaît dans la bascule entre le 18e et le 19e siècles. Avec des grands noms, injustement ignorés, comme le marquis de Puységur ou l'abbé de Faria.

Le 19e siècle s'emploie progressivement à dégager la notion de psychisme de la notion de corps, d'organicité, du physique.

La notion d'inconscient voit le jour.

Un inconscient qui nous paraît aujourd'hui si ordinaire et qui, à l'époque, est une vraie révolution mentale. Ce concept d'inconscient crée notamment de nouvelles catégories professionnelles dont celle des neuropsychiatres puis, un peu plus tard, celle des psychologues.

L'hypnose et ceux qui la pratiquent sont au coeur de cette évolution, de tous ces travaux de recherche autour de l'inconscient, si féconds au 19e siècle.

Un exemple : l'histoire édifiante de James Esdaile, chirurgien aux Indes : en pratiquant l'hypnose avec des patients devant subir une intervention chirurgicale, il réduit le taux de mortalité de 45 % à 5 %.

Biographie de l'auteur :

Le Dr Claude Virot pratique l'hypnose ericksonienne depuis vingt ans.

Ex-président et vice président actuel de la CFHTB.

Directeur d'Emergences-Rennes, il forme les professionnels de santé à l'hypnose depuis 1992, et a créé pour la première fois en France une formation spécifique pour les anesthésistes.