L'énigme du Suaire - la contre-enquète

Extrait :

Dans un sens, ce livre m'aura demandé cinquante-cinq ans de travail. En 1955, j'étais ce lycéen rageusement agnostique du sud de Londres qui décrocha la meilleure note au cours d'instruction religieuse - il faut dire que la matière n'intéressait pas grand monde parmi mes condisciples.

J'eus donc droit à un prix, le premier de ma vie, et le chapelain anglican d'Emanuel School, le révérend Griffiths, pour qui j'ai dû être un élève franchement pénible, crut bon de m'offrir en l'occurrence un livre de l'auteur américain Lloyd C. Douglas, The Robe [La Tunique].

Il est difficile, rétrospectivement, de ne pas trouver hautement prophétique le choix de ce roman sur la «tunique sans couture» que Jésus avait portée pendant sa vie et qui, après sa mort, avait été l'objet de nombreuses aventures et avait bouleversé la vie de bien des gens.

Car au cours de la même année, alors que je feuilletais le Picture Post, un hebdomadaire populaire, je tombai soudain sur un article écrit par l'illustre héros de la Seconde Guerre mondiale, honoré de la Victoria Cross, le group-captain Leonard Cheshire, consacré au Suaire de Turin.

Mon antichristianisme rampant me faisait penser que, par définition, une relique catholique romaine ne pouvait être que fausse.

Mais, en l'espèce, cet article toucha une autre corde sensible chez moi : ma passion pour l'art et l'histoire de l'art. Moi qui tirais orgueil de pouvoir identifier au premier coup d'oeil n'importe quel fragment d'un maître ancien d'après le style, l'image «photographique» du visage et du corps du Suaire - qui, à l'évidence, ne pouvait pas à mes yeux être l'oeuvre d'un artiste - remit profondément en question mon agnosticisme jusque-là plein de suffisance.

Et c'est ainsi que commença ce qui allait devenir la grande fascination de ma vie pour un morceau de tissu défiant le temps et qui, comme je l'apprendrais peu à peu, avait connu au cours de ses deux mille ans d'existence de véritables aventures, encore plus extraordinaires et émouvantes que tout ce qu'avait pu concevoir Lloyd C. Douglas en écrivant sa Tunique.

C'est de 1966 que datent mes premières recherches sérieuses sur le Suaire, mais malheureusement la plupart de ceux qui m'aidèrent et me guidèrent alors sont décédés depuis.

Le médecin généraliste de Guildford, le docteur David Willis, la responsable des camps scouts de l'île de Wight, Vera Barclay, et le moine d'Ampleforth Dom Maurus Green m'ont profondément influencé et ont tous les trois énormément contribué à ma compréhension non seulement du Suaire mais aussi du christianisme lui-même.

Parmi les personnes qui exercèrent sur moi une influence tout aussi majeure, je voudrais citer un prêtre catholique de New York, le frère Peter Rinaldi, un évêque et théologien anglican, John Robinson, et le docteur Max Frei, criminologue suisse.

Mon professeur de lettres classiques à Emanuel School, Bernard Slater, et Mme Maria Jepps de Wells me fournirent des traductions pionnières du grec byzantin et de l'italien moderne, qui furent déterminantes pour mon premier livre sur le sujet. Commandé de façon tout à fait inattendue par Doubleday (New York), il fut publié en 1978 sous le titre The Shroud of Turin aux Etats-Unis (The Turin Shroud au Royaume-Uni et dans le Commonwealth).

- Le Suaire de Turin a-t-il réellement enveloppé il y a plus de deux mille ans le corps de Jésus ?

- Ou bien s'agit-il d'un vulgaire faux médiéval, comme semble l'indiquer la datation au carbone 14 réalisée en 1988 ?

Ian Wilson, le grand spécialiste du Suaire, démontre que cette datation, qui prétendait clore définitivement le débat, résulte d'une mauvaise méthodologie.

Et même si on admettait sa validité, personne n'est en mesure d'expliquer comment l'image du Christ aurait pu être fabriquée sans pigments visibles, ni pourquoi elle comporte des détails sur le martyre du supplicié qu'un faussaire du Moyen Age ne pouvait absolument pas connaître.

Tous les travaux d'investigation effectués depuis vingt ans, notamment avec les méthodes d'imagerie les plus sophistiquées, n'ont fait qu'approfondir les mystères de cet étrange linge.

Véritable thriller politico-religieux, cette contre-enquête passionnante de bout en bout nous conduit au coeur de l'histoire du Suaire qui, après tant d'études scientifiques, demeure l'image la plus énigmatique du monde.

Biographie de l'auteur :

Ian Wilson, a été l'un des premiers, en 1978, à écrire sur le suaire de Turin comme énigme scientifique.

Auteur de près de trente ouvrages sur les relations entre sciences et religion, dont plusieurs best-sellers, il peut être considéré comme le spécialiste mondial du suaire de Turin.