Il s’agit du « Makhzan ol-Asrâr » * (« Le Trésor des mystères ») de Nezâmî de Gandjeh **, le maître du roman en vers, l’un des plus grands poètes de langue persane (XIIe siècle ap. J.-C.).
Les productions les plus importantes de Nezâmî, au nombre de cinq, furent réunies, après sa mort, dans un recueil intitulé « Khamseh » *** (« Les Cinq ») en arabe, ou « Pandj Gandj » **** (« Les Cinq Trésors ») en persan ; maintes fois copiées, elles étaient de celles que tout honnête homme devait connaître, au point de pouvoir en réciter des passages entiers.
En dépit de leur obscurité voulue et de leur préciosité, elles se distinguaient entre toutes par la rapidité de leur narration, la richesse de leurs tableaux et les ressources variées de leurs thèmes.
« Les mérites et perfections manifestes de Nezâmî — Allah lui soit miséricordieux ! — se passent de commentaires.
Personne ne pourrait réunir autant d’élégances et de finesses qu’il en a réuni dans son recueil “Les Cinq Trésors” ; bien plus, cela échappe au pouvoir du genre humain », dira Djamî en choisissant de se faire peindre agenouillé devant l’ombre du grand Nezâmî.
Orphelin très tôt, Nezâmî fit cependant de brillantes études, grâce à la sollicitude d’un oncle qui le prit en charge. Le jeune protégé acquit ainsi toutes les connaissances scientifiques et philosophiques de son époque.
Ses biographes ne nous apprennent rien d’autre à son sujet, et son œuvre, pauvre de détails personnels, indique seulement qu’il ne fut pas un homme de cour, mais un citadin. De même que Hâfez ne s’éloigna jamais de la ville de Chiraz où il était né ; de même, Nezâmî ne quitta jamais la ville de Gandjeh
Alors que ses contemporains se bousculaient aux portails des seigneurs, pour en chanter les louanges et en recueillir des profits, Nezâmî, conscient de la haute valeur de ses vers, envoyait de loin ses poèmes :
« Que Nezâmî, qui dans sa Gandjeh resta claquemuré, Ne soit privé du bonheur de Ta Grâce ! »